J’ai longtemps cru que si je faisais tout « comme il faut », je serais récompensée. Que si je m’occupais bien de mes enfants, que si je gardais ma maison en ordre, que si je restais souriante malgré la fatigue… alors la vie allait me reconnaître et me remercier.
Mais ce n’est pas ce qui se passe. Ce n’est pas ce qui arrive à tant de mamans que je côtoie, que je vois courir, s’épuiser, s’oublier. Et ce n’est pas ce qui m’est arrivé non plus.
Plus je regarde autour de moi, plus je réalise une chose difficile à accepter : c’est la nature qui crée des différences, mais c’est la société qui en fait des inégalités… Et ce sont les mamans qui en paient le prix.
La nature a fait que ce sont les femmes qui portent les enfants. Que notre corps change, qu’il se transforme pour créer la vie. C’est une différence. Une belle et puissante différence. Mais ce que la société en a fait ? C’est une attente silencieuse que l’on continue de tout porter, même après l’accouchement. De rester la colonne vertébrale de la famille, de mettre nos besoins de côté, d’accepter que notre repos soit un luxe.
On parle d’égalité hommes-femmes, et c’est tant mieux ! Mais dans nos foyers :
Qui se lève la nuit ?
Qui prend les rendez-vous médicaux ?
Qui pense à acheter des bas plus grands parce que les petits pieds ont grandi ?
Qui sacrifie souvent sa carrière ou son temps libre ?
La différence biologique est devenue une charge sociale. Et dans tout ça, je nous vois, nous les mamans, tenter de ne pas couler. On aime nos enfants, plus que tout. Mais aimer ne devrait pas vouloir dire s’épuiser. Donner ne devrait pas vouloir dire s’effacer.
Je parle ici du vrai repos. Pas de dix petites minutes, enfermée dans la salle de bain pendant que quelqu’un tape déjà à la porte. Pas d’un café tiède avalé à la hâte sur le coin du comptoir. Je parle d’un repos légitime, profond, et surtout sans culpabilité.
Le problème, c’est que dans cette société qui valorise la performance, même la maternité est devenue une course. Il faut être une « bonne mère », une « mère présente », « impliquée », « bienveillante », « organisée », « zen », et j’en passe. On n’a même plus le droit de dire qu’on est fatiguée sans qu’on nous réponde : « Ben voyons, t’as voulu des enfants, non ? » Ou pire encore : qu’on nous accuse de regretter de les avoir eus.
Oui, on les a voulus. On les adore d’un amour inimaginable.
Ils sont toute notre vie. On donnerait tout pour eux si c’était possible.
Mais on n’a pas signé pour cet épuisement silencieux, invisible, normalisé.
La vérité, c’est que le système ne nous soutient pas. Les congés parentaux ne couvrent pas toutes les situations. Les services de garde sont en crise. Les aidants (souvent les mamans encore !) sont débordés. Les grands-parents ne sont pas toujours disponibles ou présents. Et les amies, elles aussi, sont souvent dans le même bateau.
Alors on s’organise. On prend sur nous. On serre les dents. Et parfois, on s’écroule.
C’est le rêve d’un espace où les mamans peuvent reprendre leur souffle. Où elles peuvent dire : « Je n’en peux plus, j’ai besoin d’un foutu break » sans se sentir jugées. Où on leur rappelle que leur fatigue est réelle, légitime, humaine. Où on leur propose des ressources, de l’écoute, du soutien, pas des phrases toutes faites.
C’est aussi un appel à revoir nos façons de faire en société.
Pourquoi le repos est-il valorisé chez un PDG mais perçu comme de la paresse chez une mère ?
Pourquoi applaudit-on une femme qui « gère tout » au lieu de lui proposer de l’aide concrète ?
Pourquoi est-ce encore si difficile d’oser dire : « J’ai besoin de me reposer » — sans se sentir coupable ?
Pourquoi avons-nous tant de difficultés à déléguer, à lâcher prise, comme si notre valeur se mesurait à tout ce qu’on arrive à endurer ?
Pourquoi dit-on encore que « le père garde les enfants », comme si ce n’était pas aussi son rôle naturel de les élever ?
Et pourquoi est-ce encore perçu comme exceptionnel, voire héroïque, quand un père prend un congé parental ?
Toutes ces questions soulèvent une même réalité : on nage dans des attentes sociales qui pèsent plus lourd sur les épaules des mères. Et tant qu’on ne les remet pas en question, le repos restera un privilège au lieu d’un besoin fondamental.
En tant que mamans, on a un pouvoir immense : celui de se rassembler. De créer des cercles de soutien. De dire « stop » à l’invisibilisation de notre charge mentale. De s’écouter, de se valider entre nous, de faire de la place au repos, non pas comme un luxe, mais comme un droit.
La nature a créé des différences. On ne changera pas ça. Mais on peut refuser les inégalités que la société a bâties autour de ces différences.
Et ça commence ici… Par toi, par moi :
Par une pause qu’on s’accorde, enfin.
Par une conversation bienveillante.
Par du soutien envers l’une des nôtres.
Par du non-jugement, de l’ouverture d’esprit, une oreille attentive.
Par une demande qu’on ose formuler.
Par la place qu’on laisse au père, pleinement et sans gêne.
Par un geste d’entraide entre nous, mamans.
#ReposPourMaman
Si tu lis ces mots, maman, et que tu es fatiguée : je te vois. Tu n’as pas à tout porter sur tes épaules. Tu as le droit de te reposer.
Et surtout, tu n’es pas SEULE.